Le vendredi après-midi

Publié le par Soline

 

Le vendredi après-midi
 
Le vendredi midi,
Je quittais l’amphi
En courant
Le vendredi tantôt
J’allais au boulot
En souriant
Derrière ma ptite caisse
Je vivais ma ptite vie
Epanouie
Concentrée
Calmement
Mais voilà qu’un jour
Je suis morte un ptit peu
De trouille
De joie
Ou des deux
 
Je venais d’échanger
Cinq ou six courtoisies
Avec un gros caddy
Quand soudain
Mes ptits yeux
Sont tombés
Dans les siens
Ensuite,
Plus rien !
Panique à bord,
Chang’ment
D’ couleur
Et plus moyen
D’ tout contrôler
Je tremblais des mains
Et des doigts d’ pieds.
Comme une patate
Maladroite
Comme une courgette
Pas trop nette
 
C’est ainsi
Qu’ mon palpitant
Ressuscita
Par accident
Probablement
Qu’ le sien aussi
Red’vint vivant
Ce vendredi
Car il était
Comme moi
Emu
Submergé
Perdu
Foudroyé
 
Il m’a sourie
Gêné
J’ai souri
Aussi
Et j’ai scanné
Les petits produits
Qu’il avait mis
Sur mon tapis
Pas trop vite
J’ai pris mon temps
Tout mon temps
Je l’ai regardé
Beaucoup
Souvent
Et j’ai attrapé
Les petits sous
Qu’il m’a tendu
Maladroitement
Puis il est parti
En se retournant
A demi
Souvent
J’ai souri
Comme lui
 
C’était un papa
Discret
Touchant
Simple
Parfait
Pour moi
Je l’aimais
Déjà
C’était un papa
Oui, je sais
Mais je l’aimais
C’était comme ça
 
Il est revenu
Tous les vendredis
Mon inconnu
Dans l’après-midi
Faire la queue
A ma caisse
Mon monsieur
Plein de douces
Politesses
 
De temps en temps
Il prenait soin
D’oublier
Des petits gants
Des petites clés
Des petits riens
Un ptit cache-nez
Sur mon tapis
Le vendredi
Après-midi
Dès lors
J’ pouvais
Courir après
Jusque dehors
Et l’ voir encore
Un ptit peu
Mon monsieur
Nez à nez
Avec lui
Devant l’entrée
Le vendredi
Emue
Troublée 
Perdue
Charmée
 
Bien sûr très vite
Fallait qu’on s’ quitte
Il me souriait
Des ptites promesses
Je lui souriais
De la tendresse
On s’ regardait
Une dernière fois
Et on savait
Comme ça
Les émotions
Que nous avions 
 
Il revenait
Parfois
Le samedi
Mon papa
Faire la queue
D’vant le tapis
Que dame sa gueuse
Avait choisi
 
Dedans mon ventre
Yavait des nœuds
Et dans mes yeux
Des armes à feu
J’aurai voulu
La fusiller
La grosse morue
L’éliminer
La torpiller
La débiter,
La trancher
L’écraser,
L’émulsionner
L’assaisonner
La steak haché !
 
Mais je scannais
Si bien mon jeu
Que mes clients
N’y voyaient rien
Ya qu’ mon monsieur
Qui connaissait
Mon ptit chagrin
L’ samedi matin
Alors penaud
Il essayait
De soulager
Mon ptit bobo
Il me souriait
Nos ptites tendresses
Il me souriait
Nos ptites promesses
Il me souriait
Qu’ j’étais pour lui
Une ptite étoile
Dans sa ptite vie
Et ça faisait 
Comme un pansement
Sur mon bobo
Qui guérissait
Magicalement
 
J’aurai voulu
Prendre mon micro
Me mettre debout
Sur mon tapis
J’aurai voulu
Etre autrement
Et oser faire
Mon numéro
D’vant les clients
D’vant les caissières
J’aurai voulu
Qu’ les gens s’arrêtent
J’aurai voulu
Des projecteurs
Un qui m’éclaire
Et un pour lui
J’aurai voulu
Lui dire en vrai
Toutes les choses
Qu’on se souriait
J’aurai voulu
Qu’il escalade
Tous les obstacles
Pour me rejoindre
J’aurai voulu
Un long baiser
Devant tout l’ monde
Sur mon tapis
Le samedi
Après midi
J’aurai voulu
L’entendre crier
Qu’il m’aime
Très fort
J’aurai voulu
Tout un tas d’ choses
J’aurai voulu !
 
Mais aujourd’hui
Il ne me reste plus
Qu’à dédier ce poème
Au monsieur
Que je connais à peine
A celui
Qui était déjà pris
Et qui pendant
Quelques instants
Secrets
M’a aimée
Pour de vrai
A celui
Qui était déjà pris
Et que je ne reverrai
Jamais
 
 
Séverine, le mercredi 5 décembre 2007 à 12h26

 

Publié dans Chansons

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S
Hehehe ! <br /> Marci pitit Jordane ! Bisous msieur.
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J
La Steak Haché !!!Joli ! Marrant ! C'est tout toi :-)
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